Dans la continuité de nos précédents posts publiés à l’occasion de l’évènement Act For Climate, organisé par l’association Planet’RSE Toulouse, du mercredi 16 au vendredi 18 novembre prochain, nous abordons maintenant la problématique de l’agriculture dans le cadre de la transition écologique.
Comme nous le rappelle le Shift Project dans son Plan de transformation de l’économie française :
- Le secteur de l’agriculture en France représente un quart des émissions nationales de gaz à effet de serre. De plus :
- Trois quarts de l’énergie qu’il consomme proviennent du pétrole.
C’est dire que l’on ne peut éviter d’examiner comment modifier les pratiques agricoles actuelles si l’on veut pouvoir réduire l’empreinte carbone de notre pays. Un des problèmes majeurs est celui de la production des engrais, indispensables au modèle agricole productiviste actuel.
Fabrication et transport des engrais
Sans entrer dans des détails qui dépassent le cadre de cet article, rappelons simplement qu’il y a 3 classes d’engrais, selon l’élément chimique qu’ils apportent au sol :
- Azote : provient de l’ammoniac ou de l’urée. L’ammoniac est produit actuellement majoritairement à partir de gaz naturel, comme nous le verrons plus loin.
- Phosphore : provient de mines ou carrières de phosphate et de soufre ;
- Potasse : provient de chlorure de potassium et du chlorure de sodium (sel). Ces minéraux de sel sont extraits des mines ou de la mer.
Quelle que soit la classe d’engrais, Le processus de fabrication industriel pose d’emblée des problèmes écologiques majeurs, dont la consommation d’eau n’est pas la moindre.
A titre d’exemple, le groupe industriel marocain OCP (Office chérifien des phosphates) indique un ordre de 125 millions de mètres cubes par AN pour un site de 1800 hectares (source : https://crevette-diplomate.fr/la-face-cachee-des-engrais-petrochimiques-leur-fabrication/)
Dans le cas de l’azote (via la production d’ammoniac), il y a également une problématique de gaz à effet de serre, car l’ammoniac utilisé dans les engrais est aujourd’hui majoritairement produit à l’aide gaz naturel. « En 2021, le gaz naturel est la matière première adoptée pour 72 % des capacités mondiales de production de NH3 (ammoniac), soit 20 % de la demande de gaz naturel, le charbon et le gaz de cokerie pour 22 % (à 95 % en Chine) soit 5 % de la demande de charbon, le fuel ou le naphta pour 6 % ». (source : https://lelementarium.fr/product/ammoniac/)
Alternatives techniques
En particulier pour ce qui concerne l’azote, on entend aujourd’hui parler d’ « ammoniac vert », produit à partir d’autres sources que le gaz naturel ou le charbon. A titre d’exemple, une start-up française – Swan-H – a déposé un brevet permettant d’extraire directement l’azote de l’air, à l’aide d’un procédé fonctionnant avec de l’électricité comme seule source d’énergie qui est au moins 10 fois moins énergivore que la méthode de production actuelle de l’ammoniac (source : Swan-H se lance dans la production d’ammoniac vert – Édition nationale – Journal quotidien La Tribune).
Revoir le modèle en profondeur
Malheureusement, et comme souvent dans le domaine de la transition écologique, les seules solutions techniques ne suffiront pas à elles seules à réduire de façon suffisamment importante notre empreinte carbone. A l’instar de ce que propose le collectif NégaWatt dans le domaine de l’énergie, une réduction majeure de la consommation de gaz naturel dans la production d’engrais consistera aussi à réduire notre consommation globale d’engrais. Pour cela, plusieurs pistes sont à explorer, dont les deux principales sont les suivantes :
- L’agriculture biologique qui, par définition, n’utilise pas d’engrais chimique, est une voie prometteuse. Toutefois, comme le souligne une étude de l’ADEME (source : https://expertises.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/agriculture-biologique-bonne-climat-hayo-van-der-werf.pdf), le rendement inférieur de l’agriculture biologique oblige à une augmentation des surfaces cultivées et, in fine, une plus grande empreinte carbone.
- Toujours selon l’ADEM, la production de viande représente aujourd’hui la moitié des gaz à effet de serre de l’alimentation alors même que nous surconsommons des protéines : 90 gr par jour contre 52 gr de besoins nutritionnels journaliers (source : https://www.territoires-climat.ademe.fr/ressource/387-136). Il est donc plus que probable que la réduction de notre consommation de viande ne soit pas une option pour la préservation de la planète.
Alors, que vous soyez végétarien ou non, il ne me reste plus qu’à vous souhaiter « bon appétit ».
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